jeudi 12 avril 2012

LE MATIN N'EXISTE PAS


Ami, tu roules au lever du jour,

Et pour la première fois, tu n'as plus peur.

Ami, tu contemple la ville encore vide

Et les tours sombres, sous la voûte nouvelle.



Ami, une fois encore, tu aimerais dire tant de choses,

Il y a tant de lieux où tu aimerais fuir, un peu,

Il y a tant de colère enfouis dans ton ventre et dont tu ne sais plus quoi faire,

Mais le jour se lève, ami, et tout cela ne te concerne pas.



Ami, tu regardes la grisaille percée de lumière

Et tu penses à cette nuit sans sommeil,

Et à celle dont la tête reposait sur ton épaule, mais qui ne disait rien

Ami, la nuit s'en va et tu aimerais courir après elle, et tu aimerais qu'elle t'emporte.



Ami, tu gares la voiture et tu lèves la tête vers les enseignes encore éclairées,

Et tu penses à ce que tu as oublié de lui dire, et tu penses au charme de se taire,

Ami, tu te sens soudain un peu las d'être trop souvent un coq

Mais tu réalises que tu ne sais pas être autrement,



Le temps n’a pas encore repris,

Tu contemple ces putes endormies contre les murs aux couleurs passées

Tu contemple cette rue jonchée de papiers ou un chien se promène

Et avec délice, tu t'abreuve de tout ce drame bien ordinaire.



Ami,  tu songes à cette fille, qu'incapable de séduire, tu voulais pour amie,

Tu a raté quelque chose, mais tu ne sais pas quoi, et tu voudrais partir pour lui manquer.

Elle ne t'intéresse pas, en fait, tu ne sais pas quoi lui dire.

Elle n'a de joli que l'allure, mais ne sait rien de la beauté.



Le matin n'existe pas, à proprement parler, car nul n'y prend garde,

Il est plein d'oubli, sans doute.

Et tu te dis qu'à cette heure, tout semble propre, tout semble neuf.

Et tu t'assois au sol le cœur léger, car tu ne désires rien d'autre, ami, qu'attendre le jour.

lundi 23 janvier 2012

NO TITLE

L'herbe sèche entre les rochers

Souffle «voici l'hiver»

Aux chardons fanés.

J'étais en ville, hier.

**

Tournent, tournent dix corneilles

Dessus la terre cuivré,

Oui j'ai passé la veille

sur la route trempée.

**

«Il faut apprendre à vivre»

Clamait d'une voix souveraine,

Tandis que je chevauchais ivre

Alcool dedans mes veines.

**

Il faut désormais

Bannir rêves d'enfants,

Disait soudain excédé

Croix de bois, croix de fer, aux supplices du vent.

**

Mais moi je ne voulais entendre,

Moi qui avait soif d'oubli

Et je courais sans attendre,

Désireux et Impie.

**

Chiens errants se promènent

Ils n'ont pas sommeil, en vérité,

Et je frappais à la porte de l'une

Que le temps m'a dérobé.

**

Où es-tu parti, grand frère?

Tandis que je dormais,

Je suis orphelin et tu devais m'apprendre

Les mille songes de nuits d’Été.

**

Où es-tu parti, grand frère?

En ton heure, tu savais la route,

Tu savais le regard fier,

Moi je me perd, je renonce et je doute.

**

Où es-tu parti, grand frère?

Et dans quel hôtel jouez-vous aux cartes?

Parlez-vous de femmes passagères?

Amis de longue date.

**

Moi je pars en voyage,

Et je coucherais ce soir,

Sur les saintes terres d'alpage

Dans les vapeurs ethanifères d'un abri autocar.

**

Il y à foule dans les églises,

Et si vous le lui demandez

Le berger dans sa remise

Aura mille autres histoires à raconter.




ET LE DESERT AVANCE